ACTUALITÉS Call for Papers

CALL FOR PAPERS - V. FORUM ART MÉDIÉVAL - BERN 18.–21. SEPTEMBRE 2019

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Section 1

…dans les Alpes : mobilité de retables et d’ateliers au moyen âge tardif

Direction de la section: Barbara Schellewald, Heidrun Feldmann & Henriette Hofmann, MA (Bâle)

C’est un phénomène bien connu que pendant un boom de construction d’églises dans l’évêché de Coire, les ateliers souabes ont pu profiter des commandes et ont été chargés de fabriquer des équipements. Un exemple est la famille d’artistes Strigel qui dominait le marché à partir de 1486 avec Ivo Strigel, de sorte que celui-ci est dans les recherches souvent défini comme entrepreneur. À présent, il semble que dans la recherche en l’histoire de l’art des questions fondamentales ont été oubliées. Comment devons-nous imaginer les processus de commande, production et distribution dans ces conditions économiques et dans quelle mesureune production conceptionnelle était-elle possible pour un lieu spécifique ? Quelle était l’attractivité des objets fabriqués par Strigel et son atelier pour les communes du Grison du XVeme siècle et comment ce succès s’est-il manifesté ?

Des tendances de standardisation dans la réalisation des objets peuvent être éclairantes, de même en ce qui concerne les besoins de la clientèle et la signature éminente du maître d’œuvre, par exemple celle d’Ivo Strigel sur l’autel de Calanca. Il faudrait discuter quelle importance la réputation du maître commençait à avoir pour l’adjudication des commandes et quelle valeur était attribuée à l’origine suprarégionale des objets, laquelle est également mentionnée dans l’inscription de l’autel de Calanca. Ainsi, l’accent est mis sur les pratiques de l’auto-mise en scène des fabricants de ces œuvres d’art, lesquelles nous permettraient, en comparaison avec d’autres médias, de mieux comprendre la perception de soi des artistes et ateliers en ce temps-là.

La distribution d’artefacts et d’ateliers dans la région alpine et spécialement dans l’évêché de Coire s’appuie sur une longue tradition, comme le montre par exemple la production foisonnante de peintures murales au XIIIeme siècle.

L’objectif de cette section est de reprendre ce phénomène jusqu’à présent peu considéré dans les recherches. Des contributions traitant le thème sous l’angle des différentes instances d’acteurs et en comparaison avec les pratiques d’autres régions et époques sont souhaitées.

 

Section 2

Ponts vers la transcendance : Les œuvres d'art médiévales dans les processus de transfert entre sphères terrestres et sphères célestes

Direction de la section: David Ganz, Sophie Schweinfurth et Katharina Theil (Zurich)

En ce qui concerne les processus de transfert dans l'art médiéval, il convient d’étudier une forme particulière d’échange : celle entre la sphère du monde ici-bas et les espaces imaginés de l’au-delà avec ses acteurs – autrement dit, entre hommes et Dieu. Pensé verticalement, cet axe de communication accorde un rôle primordial aux œuvres d'art médiévales en tant que moyens de transfert. Fondamentalement, chaque don d'une œuvre d'art à une personne sainte ou divine peut être considéré comme une tentative d'établir une relation avec le domaine transcendant au moyen de l'objet matériel, mais aussi au moyen du travail et de l'effort de conception artistique. Ce panel vise à analyser les différentes stratégies employées par les artistes médiévaux afin de favoriser cet acte de communication précaire. En conséquence, les questions suivantes semblent revêtir une importance particulière : quels concepts de transfert entrent en jeu lorsque des œuvres d'art sont utilisées comme offrandes au divin ? Quelles stratégies particulières d'initiation et/ou de perpétuation du processus de transfert pouvons-nous observer ? Quelles structures conceptuelles et visuelles dominent la présentation des œuvres religieuses et de leur don ? Dans l’optique d’une discussion systématique de ces questions, nous encourageons des contributions qui élargissent la perspective de l’histoire de l'art en y introduisant des approches théoriques telles que l’économie du don, la théorie de « l'acteur-réseau » ou encore les études en sciences religieuses sur la dimension matérielle.

 

Section 3

RHEIN UND MAAS : Art et culture entre fleuves et régions

Direction de la section : Shirin Fozi (Pittsburgh), Joanna Olchawa (Francfort)

Cette section met l’accent sur des objets qui ont été présentés au public lors de l’exposition “Rhein und Maas: Kunst und Kultur, 800−1400“ en 1972 à Cologne et Bruxelles, et sur la question de savoir comment ces objets peuvent aujourd’hui – près de cinquante ans plus tard – être interrogés d’une manière nouvelle et productive à la lumière des recherches actuelles sur les transferts culturels. L’exposition, qui présentait presque 400 objets de la région du Rhin et de la Meuse, dont des pièces notables comme la croix des Ardennes, le baptistère de Reiner de Huy ou la châsse mariale de Nicolas de Verdun, avait eu pour thème les multiples interactions artistiques et l’identité culturelle commune de la région sise entre les deux fleuves, à l’intersection actuelle de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Bien que ce thème n’ait jamais perdu de son actualité, l’étude de ces interactions exige désormais des analyses interdisciplinaires et des notions plus larges et moins linéaires. Dans ces approches multilatérales, les voies concrètes de transmission tiennent une place centrale : d’une part, les chaînes de montagnes telles les Alpes ou les Pyrénées ou les fleuves comme la Meuse, le Danube et le Dniepr furent moins entendus comme limites que comme possibilités de rapprocher entre eux des centres disparates ; d’autre part, les routes et les ponts sur les fleuves fonctionnaient non seulement comme connexions, mais aussi comme barrières facilitant la collecte de péages – souvent des sommes significatives payées sous la forme d’objets précieux.

Sur cette toile de fond, la section appelle des contributions replaçant des objets montrés lors de l’exposition « Rhein und Maas » au sein des processus d’interconnections transculturelles. Les propositions approfondissant des problèmes d’analyse de style, de patronage, de collections (médiévales ou contemporaines) ou de concepts de “localisation“ et d’“attribution“ (en particulier en ce qui concerne la distinction entre l’art “rhénan“ et “mosan“ ainsi que l’évaluation de la qualité) sont bienvenues. Les organisatrices perçoivent également cette section comme une opportunité de reconsidérer l’impact historiographique de l’exposition “Rhein und Maas“, qui a été occultée par d’autres expositions majeures des années soixante-dix comme “Die Zeit der Staufer“ (1971), et de donner une nouvelle attention à ces thèmes eu égard aux tendances actuelles de la recherche. La section propose surtout de mettre en lumière les relations entre objets mobiliers et géographies et de reconsidérer la façon dont cette région, délimitée par ces deux fleuves, s’intègre de nos jours dans les limites plus fluides de l’histoire de l’art médiévale.

 

Section 4

Surmonter le temps et lespace : Partager le patrimoine médiéval dans un monde globalisé

Direction de la session : Barbara Welzel et Christa Schüppel (Dortmund)

Partager le patrimoine culturel médiéval signifie jeter un pont entre temps et espaces. Les histoires de ces objets sont souvent complexes : ils ne lient pas seulement des artefacts, peuples et lieux, mais nous racontent également des voyages, des fragmentations, des pratiques de donation, de négligences et de ré-activation – souvent dans un contexte autre et inédit. Ainsi, raconter l’histoire d’un objet d’art médiéval est davantage que surmonter une différence culturelle réelle ou imaginaire – entre le “nous“ et “l’autre“ médiéval. Il s’agit plutôt de reconstruire la trajectoire de l’objet à travers le temps et l’espace.

Mais à qui appartient cet héritage médiéval ? Quelle est sa valeur aujourd’hui, pour la diversité des communautés d’héritages globaux toujours changeants, partout dans le monde ? Cette section vise à créer un dialogue entre la recherche scientifique et l’éducation à l’histoire de l’art. Des contributions proposant de nouvelles approches – en recherche comme en éducation - concernant l’héritage culturel médiéval dans les sociétés transculturelles et multireligieuses de notre époque sont souhaitées. Nous nous intéresserons spécialement au musée comme lieu d’étude. La section est non seulement ouverte à des contributions de toutes les spécialités de l’histoire de l’art (européen, byzantin, asiatique, islamique etc.) mais aussi à des disciplines voisines. Les propositions peuvent être soumises en anglais, français, italien et allemand.

 

 

Section 5 :

Voyager avec des objets et textes

Direction de la section : Romina Ebenhöch et Kathrin Chlench-Priber (Bern)

Les Alpes, point de passage central entre nord et sud, structuraient et dominaient un vaste réseau au sein duquel le voyageur médiéval se déplaçait en tant qu’agent de transfert avec des ambitions des plus différentes. Qu’il s’agisse d’un commerçant en route vers l’orient ou l’Italie, d’un pèlerin sur le chemin de Jérusalem ou de Rome, d’un héraut ou d’un envoyé de la noblesse ou du clergé, tous devaient traverser les Alpes et surmonter risques et dangers.

Le besoin de garantir un voyage, une arrivée et un retour sain et sauf se traduisait dans le fait que le voyageur portait sur lui de petits objets destinés à le rassurer. Ces objets avaient non seulement vocation à protéger les voyageurs, mais pouvaient aussi servir comme moyen de dévotion mobile et fonctionner comme dépositaire d’une mémoire liée au voyage. Ainsi, dans le cas d’un pèlerinage, si l’objectif du voyage était d’abord le Salut de l’âme, les voyageurs tentaient également de conserver la grâce ainsi acquise.

Quelques exemples de tels objets :

  • Des récipients ou des bijoux contenant des images, textes, pierres précieuses ou substances auxquels on attribuait des effets apotropaïques
  • Des images, textes ou objets de dévotion par lesquels les voyageurs cherchaient la protection du Salut divin
  • Des médailles de pèlerins
  • Des reliques

Cette section interdisciplinaire entend mettre l’accent sur des objets mobiles de petite taille, sous leurs formes diverses emmenées par les voyageurs à travers les Alpes. Des contributions consacrés à ce genre d’objets et examinant leurs multiples fonctions sont attendues. En particulier, les contributions portant sur des objets, textes et/ou images qui ont fini leur voyage en Suisse et font aujourd’hui partie de collections suisses sont intéressantes.

 

 

Section 6 :

Urbi et Orbi : Rome, la ville des sept collines – dynamiques internes et ambitions universalistes (1050-1306)

Direction de la section : Giorgia Pollio, Almuth Klein, Daniela Mondini (Mendrisio)

Héritière d’un empire, siège de l’institution universelle de la papauté et, avec les tombeaux des apôtres, lieu de pèlerinage pour tout le monde chrétien, la ville de Rome constitue une plateforme privilégiée pour l’étude des processus d’échanges culturels. En même temps, la réduction des ponts utilisables sur le Tibre et le fait que la population était dispersée dans plusieurs agglomérations séparées par les collines et les bas-fonds marécageux ont favorisé des relations instables et inconstantes entre les différentes régions de la cité (rioni).

Durant la longue période entre les premières réformes de l’église de 1050 et le transfert de la cour pontificale à Avignon à l’aube du XIVeme siècle, on peut observer une croissance de ces phénomènes : la curie devient de plus en plus internationale ; les nobles de la cité forment d’abord des clans et plus tard des familles baronniales installées dans des fortifications résidentielles ; et – y compris à Rome – la Commune s’affirme et devient ainsi un point de friction dans la polarité entre la papauté et l’Empire.

Les contributions suisses tiennent, depuis les recherches novatrices de Paul Styger, une place essentielle parmi la multitude d’études sur l’histoire post-antique de la ville éternelle. Pour les sujets proposés, le travail de Peter Cornelius Claussen, initiateur du projet Die Kirchen der Stadt Rom im Mittelalter de l’Università della Svizzera italiana à Mendrisio et l’Université de Zurich (soutenu par le Fonds national suisse), est fondamental. Simultanément s’achèvent les recherches du projet Corpus della pittura medievale de l’Université de Lausanne et de l’Universtià della Tuscia à Viterbo. Sur la base des résultats de ces deux projets, nous souhaitons des contributions sur les thèmes suivants :

  • les différentes réponses – réception, résistance, rejet – vis-à-vis des œuvres d’arts ou artistes étrangers ;
  • la possibilité de distinguer différents degrés d’appréciation et de conscience de la part des artistes et des mécènes, de l’adaptation passive d’un vocabulaire « exotique » au choix conscient, motivé par l’idéologie ou le goût personnel ;
  • la présence ou l’absence de typologies artistiques et/ou architectoniques particulières pour chaque région (rioni) de la cité ; qu’il s’agisse d’un développement artistique homogène ou fragmenté et les raisons susceptibles d’expliquer ces phénomènes (rivalité, imitation, compétition).

 

Section 7 :

Mobilité des maîtres d’œuvre et transfert d'idées dans le génie civil du Moyen Âge tardif

Direction de la section : Jens Rüffer (Berlin)

Les régions germanophones de Vienne, Prague, Ratisbonne et Strasbourg abritaient, à la fin du Moyen Âge, des loges de bâtisseurs majeures qui rayonnaient à un niveau suprarégional et attiraient en conséquence des travailleurs qualifiés. Les sources écrites concernant le génie civil du Haut Moyen Âge sont peu nombreuses. Bien que les noms des maîtres d’œuvre y soient souvent transmis, ceux-ci sont difficilement saisissables biographiquement. Au XVe siècle, l’information devient plus dense, de sorte que certains maîtres d’œuvre ne peuvent plus être identifiés par leurs réalisations uniquement, mais caractérisés de manière plus précise à travers diverses sources écrites. Parmi les grands noms, on peut citer la famille Ensinger, Hans Niesenberger, Laurenz Spenning, Hans Puchsbaum, Andreas Engel, Jodok Dotzinger, Hans Hültz, Matthäus Böblinger ou encore Hans Nussdorf.

Ce panel met l’accent sur la mobilité des maîtres d’œuvre et le transfert d'idées qui l’a accompagné. Au-delà de la personne-même ou du magister operis, il convient également d’explorer ces aspects par l'intermédiaire de ce médium devenu alors courant aujourd’hui qu’est la réduction à l’échelle des plans d’architecture. En effet, c’est grâce à cette technique qu’il était devenu possible de diffuser des idées novatrices – de leur conception structurelle à leur forme individuelle – sur de longues distances. Avec ce transfert, il y eut aussi des querelles à propos de ce qu’était une construction « correcte » ainsi que des différends sur les pratiques de construction appropriées. Des dénonciations du concurrent dans le but de pouvoir participer à la réalisation nous sont même parvenues. La diversité de ces éléments révèle bien des aspects de la réflexion architecturale de l'époque, du rôle social des maîtres d’œuvre et des formes d'organisation du génie civil.

La section met l’accent sur la zone géographique germanophone avec les points d’intérêt suivants : la ville de Vienne, la région de la Bohême avec Prague et Kuttenberg, la Saxe, le sud de l'Allemagne avec Ratisbonne comme centre, le Rhin supérieur avec Strasbourg, Bâle et Fribourg ainsi que la Suisse occidentale, à savoir les villes de Berne et de Fribourg. Les querelles sur la progression de la construction de la cathédrale de Milan sont pertinentes dans le sens où des maîtres d’œuvre du nord des Alpes qui travaillaient dans les centres susmentionnés livraient également leur expertise. L’accent sera mis sur le XVe siècle. Celui-ci est dans une large mesure marqué par deux événements historiques importants : le différend concernant la construction de la cathédrale de Milan (à partir des années 1390) et le Regensburger Hüttentag en 1459.

Les contributions qui partent d'une tradition concrète, basée sur des sources, et qui analysent celles-ci en termes de mobilité, de transfert d'idées et de débats architecturaux afin de les replacer dans le contexte plus vaste de l’histoire de l’architecture ou de l’art sont recherchées. Les sources peuvent être nombreuses et variées, incluant aussi bien des actes, contrats et poursuites que des plans et dessins d’architecture. L’objectif consiste à dégager autant de facettes différentes que possible, ce qui permettra de mieux parvenir à une représentation plus précise des processus de transferts d’architecture à l’époque.

 

Section 8

La Géorgie, unpont entre différentes cultures : dynamiques de l’échange artistique

Direction de la section : Manuela Studer et Thomas Kaffenberger (Fribourg)

Depuis quelque temps, la Géorgie a été identifiée comme une zone clef pour l’étude de l’art médiéval entre l’occident et l’orient. Située entre les chaînes de montagnes du Grand et du Petit Caucase, elle est traversée par plusieurs routes importantes formant un pont entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, entre la région du fleuve Don et l’est de la Méditerranée. De cette situation géographique résulte entre autres le fait que le pays était constamment exposé, contrairement à sa fréquente caractérisation comme un territoire isolé et perdu, à des contacts avec des cultures avoisinantes ainsi qu’avec des cultures plus lointaines comme la Palestine – où les Géorgiens avaient d’importants lieux de culte – Chypre ou l’Europe de l’ouest. Des changements politiques et des bouleversements perpétuels, ainsi que des relations avec les empires voisins des Seldjoukides et des Byzantins – y compris sous la forme d’occupations –ont fait de ce pays un exemple paradigmatique pour mener des investigations sur la dynamique des échanges interculturels du Moyen Âge. En outre, il hébergeait des minorités linguistiques et religieuses qui jouaient un rôle important comme intermédiaires culturels et qui développaient leurs propres traditions culturelles et artistiques.

Néanmoins, le rôle de la Géorgie en tant que lieu d’interactions culturelles et en tant que société multiculturelle n’a attiré l’intérêt scientifique que récemment. Par plusieurs aspects, l’ignorance de la situation géorgienne est un obstacle à la compréhension de nombreux phénomènes culturels dont la signification dépasse leur manifestation spécifique en Géorgie. Le peu de publications disponibles jusqu’à présent a mis l’accent sur les relations avec Constantinople et a caractérisé la Géorgie comme un reflet de “l’œkoumène byzantin“. Certes, le contact avec Constantinople a sans doute été d’une grande importance, mais en règle générale, il est interprété comme une ‘influence’ unilatérale de la capitale byzantine sur le territoire géorgien et sa production artistique. Ce concept de ‘l’influence’ se trouve de plus en plus controversé et se voit remplacé par la mise en lumière d’un échange dynamique sur les plans artistiques et culturels entre plusieurs acteurs.

Le congrès “Cultural Interactions in Medieval Georgia” qui s’est tenu en mai 2017 à Fribourg (Suisse) a constitué un premier pas vers une nouvelle approche des spécificités géorgiennes avec une méthodologie actualisée. L’objectif de la section est la création d’une plateforme destinée à des jeunes scientifiques aspirant à poursuivre dans la voie proposée : approfondir le savoir sur les échanges artistiques en Géorgie médiévale en tenant compte du concept des interactions culturelles dynamiques.

 

Section 9 :

Le pont dans la cité. Passages, images, commerces, XIIe-XIVe siècles

Direction de la section : Philippe Cordez (Paris)

Section subventionnée par le Centre allemand d’histoire de l’art, Paris

En 1254, Guillaume de Rubrouck, envoyé par Louis IX, atteignit Karakorum, capitale de l’Empire mongol. Très vite il y entendit parler d’un orfèvre français au service du grand khan, Guillaume Boucher, dont le frère Roger se serait trouvé sur le « grand pont » à Paris. Pourquoi le grand pont ? Depuis l’Antiquité, le cœur de Paris était constitué par l’Île de la Cité, avec deux ponts. Le plus long d’entre eux notamment, sur le bras droit du fleuve, devait être extrêmement fréquenté. Il menait au palais royal, et supportait sous la surveillance directe du souverain les boutiques des orfèvres et des changeurs, importantes pour le royaume et pour la ville. Sous le pont, les bateliers payaient les droits de douane, et ses arches accueillaient des moulins. Sur la rive, le pont était défendu par le Châtelet, près duquel étaient établis les bouchers : que l’orfèvre de Karakorum se soit appelé Boucher témoigne sans doute d’une ascension antérieure de sa famille, sur quelques centaines de mètres.

Sur les ponts de nombreuses villes du Moyen Âge classique et tardif se jouaient des scènes déterminantes pour les rapports sociaux. Toute ville a besoin d’eau, et l’urbanisation rapide entraîna en particulier du XIIe au XIVe siècle la construction de nouveaux ponts, dont certains étaient de pierre, complexes et coûteux, se rattachant aux modèles de l’Antiquité romaine et, comme les églises, pouvant être financés collectivement. Le Pont de pierre de Ratisbonne (1135) était considéré comme une personne morale, avec son sceau propre. Le Ponte Vecchio à Florence (1345) fut conçu dans une géométrie parfaite comme une ville idéale à destination commerciale. Le Pont Charles de Prague (1357) servait par son programme iconographique la dynastie de Luxembourg, ainsi lors des rituels de couronnement. À Lucerne, un simple chemin de ronde en bois (1365) est devenu un emblème de la ville.

Pour cette section sont attendues des contributions explorant en quoi l’architecture des ponts matérialisait et conditionnait l’imaginaire et les expériences de la ville, comment et pourquoi les ponts furent représentés en images et eux-mêmes supports d’images, et comment le quotidien des ponts des villes médiévales déterminait les cultures marchandes, sur place et au loin.

 

Section 10 :

La construction des églises au Moyen Âge tardif : entre concurrence et conformité

Direction de la section : Richard Nemec (Bern) et Gerald Schwedler (Zürich / Kiel)

L’Europe de la fin du Moyen Âge ne peut pas être comprise sans le phénomène structurel fondamental de la construction d’églises. Son enracinement dans la société faisait de la construction d’une église un acte signifiant sur les plans culturels, social et sacral. Avant l’arrivée de la Réforme, il y eut un développement d’un type artistique d’architecture avec un mode de construction et, de décoration onéreuse. Ces constructions devenaient de plus en plus coûteuses durant leurs réalisations, de sorte que les projets n’étaient souvent pas terminés. Comment ces vulnérabilités, ces hauts et ces bas, doivent-elles être interprétées en relation avec la société médiévale ? L’axe essentiel de la section sera l’exploration de ces phénomènes historico-culturels.

Partant de la thèse d’une Europe latine formée entre autres par la synchronisation de réseaux, nous aimerions étudier deux exemples : d’un côté, la conformité dans le domaine de la culture bâtie, et de l’autre, les pratiques de financement qui l’accompagnaient. Ces deux domaines s’opposaient. Les membres respectifs d’une société médiévale donnée devaient avoir, selon la thèse défendue, des stratégies de visualisation conformes. Cependant, une telle conformité a provoqué de la compétition, dans laquelle étaient impliqués activement non seulement les commanditaires, mais également les artistes comme les artisans rémunérés.

La section propose de mettre l’accent sur le processus et le contexte de la conception de bâtiments et leur financement, avec la mise en exergue d’un aspect particulier de la planification et de la réalisation en architecture médiévale profane et sacrée : la dimension socio-économique comme facteur décisif d’un processus social plus large. Dans une approche interdisciplinaire, plusieurs projets en relation avec des bâtiments médiévaux seront présentés, accompagnés d’exemples choisis de Berne (des visites guidées pourraient être prévues sur place) et de l’actuelle Suisse.

 

Section 11 :

L’objet dans le rituel. Les artefacts comme mémoire et agents d’interaction sociale

Direction de la section : Kirsten Lee Bierbaum et Susanne Wittekind (Cologne)

Il s’agit ici de s’intéresser à des objets qui ont connu une certaine activation dans un contexte d’actes rituels et font apparaître temporairement des réseaux supérieurs.

Les artéfacts s’intègrent de manières diverses dans les actes rituels : ils ornent, mettent en exergue le corps de l’intervenant; servent à la mise en scène d’un rituel ou sont destinataires de celui-ci ; ils visualisent des relations personnelles ou laissent réapparaître le passé. À première vue, l’objet semble seulement se référer au rituel actuel et ses participants – il est déplacé, présenté, posé, porté ou affiché - mais à y regarder de plus près, l’artefact se révèle comme un entrelacement complexe de dimensions matérielles, spatiales, temporelles et sociales qui dépassent la “performance“ immédiate. L’invocation de l’histoire de l’objet utilisé joue également un rôle important. À travers une relique ou une donation d’un pape ou d’un souverain, une dynamique de protection est convoquée. Lorsqu’un objet trophée ou un vestige historique sont utilisés pour l’établissement d’une identité, c’est le le mythe d’une bataille ou d’une fondation qui est mobilisé. L’objet se révèle comme dépositaire de la mémoire, laquelle est activée par le biais du rite. Des relations géographiques peuvent également être inhérentes aux objets. À travers une spoliation d’un territoire lointain ou d’un site pillé, une sphère d’influence est incorporée au sein d’un objet maniable. Un objet peut représenter un souverain absent dans un rituel ou peut même être utilisé dans une sorte de jeu de rôles. En tant qu’insigne ou signe officiels, les objets contribuent à transformer un corps personnel en corps de signification politique. Ils donnent au porteur des qualités transtemporelles et transpersonnelles, et jouent un rôle actif dans les cérémonies procédurales.

Walter Benjamin a attiré l’attention sur l’enracinement de l’objet d’art dans le culte et le rituel (L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 1935). Conformément à Emil Durkheim (Les formes élémentaires de la vie religieuse, 1912), les objets peuvent être interprétés de manière similaire comme personnification, lieu de dépôt et source d’une force cimentante et orientée vers la communauté, qui est alors renforcée par l’usage collectif En revanche, Alfred Gell interprète dans sa théorie anthropologique de l’art de tels objets comme étant le “nexus“ et le point de cristallisation de relations sociales ; pouvant même remplacer leur commanditaire et devenir eux-mêmes l’acteur“.

 

 

Section 12 :

Roche – grotte – église. Façonner un espace sacré naturel au Moyen Âge

Direction de la section: Kristin Böse (Francfort) et Markus Späth (Giessen)

Dans de nombreuses religions, les paysages de montagne et les hauteurs attirent celles et ceux qui choisissent l’isolement ascétique. En ce qui concerne le Moyen Âge chrétien, ce sont les monastères orthodoxes rupestres qui ont jusqu’à présent retenu l’attention de l’histoire de l’art, de la Cappadoce jusqu’au sud des Balkans. Cependant, un certain nombre d'espaces sacrés conçus à partir de formations rocheuses sont également conservés dans l’Occident latin. Leur point de départ est souvent une grotte vénérée a posteriori comme un lieu sacré, lié à la présence légendaire d’un ermite ou d’une communauté. L’élaboration artistique à partir des formes naturelles a engendré des espaces sacrés entre espace intérieur et extérieur, réclusion et révélation, nature et culture. La relation entre nature et culture s’articule ainsi d’une part extérieurement, rendue visible la position exposée des édifices sacrés. D’autre part, les topographies sacrées ainsi constituées étaient complexes et imbriquées : dans ces contextes cultuels, il ne s’agissait pas seulement de les saisir par le regard, mais de les appréhender en se déplaçant physiquement.

La section entend examiner le caractère hybride de ces espaces sacrés médiévaux qualifiés d’« églises rupestres », en tant qu’espaces naturels transformés par l’architecture et l’ornementation sculpturale et picturale. Nous appellons des contributions qui étudient entre autres :

  • de quelle manière des concepts touchant à la sacralité de l’espace ont été appliqués à la nature ;
  • comment, inversement, des éléments naturels (tels des roches ou des grottes) et les représentations mythiques et bibliques qui y étaient associées ont influé sur la création de tels espaces ;
  • dans quelle mesure la relation entre réclusion et distinction topographique se manifestait artistiquement dans de tels espaces.

La discussion portera ainsi sur la manière dont ce qui était naturellement donné a été traité dans l'architecture et l'ornementation des églises rupestres médiévales, et comment ceci a donné lieu à la création (humaine) d’un paysage de montagne, paysage aujourd’hui encore perçu, dans de nombreux cas, comme topographiquement et géographiquement particulier. La section a pour objectif de réunir aussi bien des exemples de l’Occident latin que de l’Orient byzantin, pour les confronter dans une discussion productive.

 

 

Section 13 :

Passages interrompus ? Rejet et transformations d’objets au Moyen âge

Direction de la section: Pierre Alain Mariaux (Neuchâtel) et Michele Tomasi (Lausanne)

Souvent, l’histoire de l’art du Moyen âge déroule en un récit continu, sans rupture ni aspérité, une histoire d’origine et de filiations. L’étude de la réception renseigne toutefois également sur des passages interrompus, qui mettent à mal la cohérence de ce récit. Les études récentes ont montré avec une vigueur renouvelée combien les œuvres d’art peuvent être, lorsqu’elles voyagent, des vecteurs de diffusion de connaissances iconographiques, techniques, stylistiques… Mais qu’en est-il des cas où l’objet qui est déplacé n’est pas accueilli sans heurt, assimilé, admiré, mais suscite en revanche la gêne, l’incompréhension, voire le refus ? Les phénomènes de résistance, de rejet, ou de transformation visant à rendre un objet acceptable dans un nouveau contexte, sont tout aussi révélateurs de la nature des cultures impliquées et de leurs possibilités d’interaction et d’échange.

Nous sollicitons des propositions de communication portant sur le refus ou la transformation d’objets appartenant aux techniques les plus diverses, tout au long du Moyen Âge. Ce qui tient à cœur aux organisateurs, c’est d’observer ces réactions en lien avec un transfert d’objet, que ce soit dans l’espace ou dans le temps. Les réflexions centrées sur les traces matérielles de manipulation et d’adaptation des objets seront tout aussi bienvenues que celles illustrant ces phénomènes à partir de sources écrites. Les résistances suscitées par la forme, la typologie, le matériau, l’iconographie, ou tout autre aspect de la matérialité des objets, entrent dans le domaine d’intérêt de la session, tout comme les raisons de goût, politiques, religieuses, culturelles qui peuvent expliquer ces rejets ou ces manipulations. Des propositions portant sur des exemples liés à la Suisse seraient particulièrement bienvenues.

 

Section 14 :

L’arc alpin comme chambre au trésor. Entre horizons lointains et isolement

Direction de la section: Regula Schorta, Evelin Wetter et Michael Peter (Riggisberg)

Dans les vallées éloignées et les centres urbains de l’arc alpin, à l’écart des grandes cités européennes, d’étonnants trésors se sont conservés – telles des capsules temporelles ou spatiales. D’une part, ces trésors témoignent de l’importance stratégique et géopolitique des vallées et cols alpins comme parties constituantes de vastes réseaux. D’autre part, ils manifestent une situation géographique isolée qui permettait la conservation de moments, situations, ou objets historiques.

Au début des années 1970, Brigitta Schmedding catalogua les trésors textiles du Moyen Âge préservés dans les églises et monastères suisses et, dans son livre, traite brièvement des conditions particulières de chaque lieu où ces œuvres d’art ont été conservées. Fondée sur son travail de pionnier, la section entend prendre davantage en considération les contextes de conservation et à explorer de manière plus précise encore les raisons de l’arrivée et du maintien, ou de la production d’objets d’art textile dans l’arc alpin. Le rôle de l’espace géographique pour ces processus, avec toutes ses conséquences, sera également envisagé. Sont particulièrement bienvenues les contributions mettant l’accent sur des œuvres textiles conservées en Suisse ou dans les régions alpines voisines, et dont la contextualisation apporte non seulement une meilleure compréhension de l’objet textile lui-même mais également un éclairage de la situation historique et/ou des représentations et de l’imaginaire de leur région de conservation.

 

 

Section 15 :

Walter Benjamin et le Moyen Âge

Direction de la section: William Diebold (Portland, Oregon) et Christopher Lakey (Baltimore, MD)

Section subventionnée par l’International Center of Medieval Art - ICMA

Dans “Der simulierte Benjamin : Mittelalterliche Bemerkungen zu seiner Akualität“, Horst Bredekamp a montré de manière convaincante, il y a 26 ans, que la fameuse thèse de Walter Benjamin selon laquelle une reproduction diminuerait l’aura d’une œuvre d’art ne s’appliquerait pas à l’art médiéval. Selon Bredekamp, la corrélation entre la reproduction et l’aura serait au Moyen Âge précisément l’inverse de ce que Benjamin postule dans “L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique“. Malgré ces doutes de Bredekamp, la popularité et la prévalence de Benjamin n’ont cessé de croître dans toutes sortes d’enquêtes historiques et culturelles, dont celles à propos du Moyen Age.

L’objection de Bredekamp paraît certes bien fondée en ce qui concerne des images de culte et les reliques. Cependant, Benjamin s’intéressait dans son essai “L’œuvre d’art“ beaucoup plus à des œuvres non cultuelles de l’époque gothique, en particulier aux cathédrales et à leur ornementation sculptée. Pourquoi ceci, et quelle en est la conséquence quant à la validité de la thèse de Benjamin pour l’art médiéval ? Cette section a pour objectif de reprendre la question de Benjamin et du Moyen Âge afin de comprendre pourquoi l’art et l’architecture de l’époque gothique ont joué un rôle aussi important dans sa pensée. Les contributions pourront examiner tout aspect de l’œuvre de Benjamin touchant au Moyen Âge (y compris dans ses correspondances et ses essais autres que “L’œuvre d’art…“, etc.), reprendre les textes de Benjamin dans le contexte politique plus vaste de l’entre-deux-guerres ou dans celui de l’historiographie de l’histoire de l’art, et enfin examiner l’utilité des idées de Benjamin pour les études actuelles en art médiéval.

 

Section 16 :

En-deça et au-delà des Carpates

Direction de la section: Jiří Fajt, Christian Forster et Markus Hörsch

Section subventionnée par le Leibniz-Institut für Geschichte und Kultur des östlichen Europa (GWZO), Leipzig

Les Carpates entouraient au nord, à l’est et en partie au sud le royaume médiéval de la Hongrie et formèrent ainsi longtemps sa frontière naturelle. Des cols permettaient le commerce avec les territoires voisins, servaient aux armées royales de routes de déploiement et menaient des envahisseurs dans le pays. Outre les contacts économiques et militaires, il exista surement aussi un échange culturel entre la Transylvanie et les principautés de la Valachie et de la Moldavie, entre la Hongrie supérieure (Slovaquie), la Pologne et le Principauté de Galicie-Volhynie. Ces échanges étaient sans doute souvent de nature interconfessionnelle (catholique romain/orthodoxe) ou interreligieux (christianisme /judaïsme).

La section aimerait réunir des contributions examinant d’une part les caractéristiques et les effets de cette frontière intereuropéenne en sa fonction de barrière mentale et d’autre part le transfert culturel transcarpatien dans le domaine de architecture et des arts plastiques, à travers des exemples spécifiques ou bien sur une longue durée. Une attention spéciale sera donnée aux migrations d’artistes entre Buda et Cracovie, entre la région de Spiš et la Petite-Pologne – pas uniquement sous le règne de Louis I., qui fut roi de Hongrie et de Pologne de 1370 à 1382. Sont également attendus des cas formes unilatérales de transfert culturel, associés à la conquête, à la mission catholique ou à la migration de groupes de population.

 

 

Section 17 :

Ponts et passages. Réseaux alpins connectés

Direction de la section: Armand Baeriswyl et Bernd Nicolai (Berne)

L’infrastructure des régions alpines a profondément évolué au Moyen Âge. En recourant parfois à des structures antiques, des constructions ont été réalisées qui servirent aux voyages, aux transports, au repos, à la restauration ou au culte. Un des plus grands projets alpins fut la construction nouvelle du passage du col du Gothard après 1200, qui réduisit significativement le temps du voyage. Le passage par les gorges de Schöllenen avec le pont du diable, l’hospice du Gothard et le passage bien plus ancien du Grand-Saint-Bernard formaient un ensemble connecté de constructions de types divers. Des abbayes et des chapelles, tout au long du chemin, reflétaient les situations spécifiques des cultes dans les Alpes. S’y ajoute le thème des conditions économiques et climatiques et de leurs effets sur le peuplement et les infrastructures.

Nous appellons des contributions sur les aspects du transfert, de l’interaction et de l’appropriation, du point de vue de l’histoire culturelle, de l’archéologie, de l’architecture et de l’histoire de l’art dans l’espace alpin, ainsi que des Pyrénées, des Carpates et au-delà, en particuliers sur des thèmes suivants :

  • Routes, ponts et moyens de transport
  • Agriculture alpine et sites abandonnés
  • Hospices, chapelles et abbayes
  • Croix de chemin et autres objets
  • Récits de voyage et autres formes de l’appropriation artistique du monde des montagnes
  • Le climat et ses changements
  • L’équipement personnel des voyageurs

 

Section 18 :

Art et crise dans la Méditerranée byzantine tardive

Direction de la section: Ivan Drpić (Philadelphia) et Stefania Gerevini (Milan)

Section subventionnée par The Mary Jaharis Center for Byzantine Art and Culture, Boston

La section explore le rôle des arts visuels dans la manifestation, la gestion et la concrétisation de changements et de déstabilisations dans l’espace méditerranéen à la fin de l’époque byzantine. Inversement, il s’agit de comment la perception d’instabilités et d’incertitudes a marqué la manière dont l’art a été créé, appréhendé et considéré dans cet espace.

La session met l’accent sur la notion de la crise. Les chercheurs ont habituellement utilisé ce terme dans un sens négatif afin de dénoter des périodes d’instabilité politique, perturbations sociales, dépressions économiques, pandémies et de guerres. En histoire de l’art, le terme de crise a souvent été invoqué pour désigner des phases de déclin artistique et culturel – à l’opposée des « sommets » artistiques. Mais le terme grec krisis (κρίσις) occupe un terrain sémantique ; sa racine fait référence à des processus de prise de décision, de sélection ou de jugement, situations qui supposent des négociations et de l’arbitrage. Cette signification plus neutre du mot est attestée par exemple dans la conceptualisation byzantine du Jugement Dernier, aussi bien que dans la théorie rhétorique ou que dans le discours médical. Dans quelle mesure le terme de crise ainsi redéfini offre-t-il un outil conceptuel valide pour explorer la diversité artistique et l’ingéniosité de la période de la Méditerranée byzantine tardive ?

La section accueillera des contributions examinant sous des angles méthodologiques divers comment des images, des artefacts et des édifices ont intégré et réagi à des moments de déstabilisation politique, religieuse et sociale en Méditerranée byzantine tardive ; comment ils ont été mobilisés pour atténuer, cacher, voire déclencher des crises ; et comment, inversement, la perception d’instabilités et de perturbations a pu former les choix artistiques de patrons individuels ou institutionnels, ainsi que la manière dont les œuvres d’art ont été vues et comprises par leurs publics.

 

Date limite: Octobre 31, 2018

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